08-08-1986 MICRO-INFORMATIQUE : Des « puces plein la tête »
- unjourparfaitpour
- 8 août 1986
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Dernière mise à jour : il y a 3 jours
MICRO-INFORMATIQUE : Des « puces" plein la tête »
A 16 ans, Xavier Riondel fonde son propre club d'informatique
Fini, le temps où les gamins passaient des journées entières à construire des moulins au bord des ruisseaux ou à jouer les apprentis chefs de gare avec leur train électrique.
Les moufflets d'aujourd'hui discutent informatique ou marketing à la récré et votre petit voisin de palier est certainement un surdoué du micro-ordinateur.
Ne rêvons plus, l'enfance s'arrête maintenant aux alentours de dix ans et vous passerez pour un demeuré si vous offrez un livre de contes à Benoît ou Zoé.
Surtout depuis que l'adolescent-manager a fait son entrée dans les ministères et se pose désormais en modèle reconnu par l'Etat.
Il y a quelques mois, la France a failli avoir un coup de sang en découvrant, à l'heure du potage, un môme boutonneux au nom imprononçable, qui traitait Mitterrand comme son voisin de balançoire et lui clouait le bec avec des histoires de beurre. Le tout sous l'œil goguenard d'un Mourousi hilare.
L'infernal génie en herbe a fait école. Jusque dans notre région, où un adolescent de 16 ans, Xavier Riondel, a lui aussi fait de l'informatique sa raison de vivre.
A l'âge où nos pères quittaient à peine les culottes courtes, Xavier a déjà fondé un club d'informatique à Andrézieux-Bouthéon, écrit et édité lui-même sa propre méthode pour apprendre le Basic, réalisé plusieurs bandes-son pour clips vidéo et pondu un roman qui n'attend plus que d'être publié. A la limite, ça fait peur, comme dirait la pub.
DES ÉCONOMIES D'ENFER
Pour Xavier, le virus s'est manifesté pour la première fois auprès du « micro » d'un de ses petits copains. « J'ai fait des économies d'enfer et mon grand-père m'a donné un coup de main pour pouvoir acheter mon premier ordinateur ».
Le manuel d'utilisation était en anglais : qu'à cela ne tienne, Xavier a empoigné son dico et passé un mois à suer sang et eau pour percer à jour tous les secrets de la machine.
« J'ai toujours été passionné par les ordinateurs et les robots ».
Mais Xavier n'envisage pas de pianoter sur son clavier tout seul dans son coin. Monter un club de micro-informatique à Andrézieux ? Chiche !
L'idée séduit la municipalité. Une salle est libre à l'Espace Raymond Aron nouvellement créé, on la confie à Xavier qui devient le moniteur officiel du club. « Au début, on ne me prenait pas trop au sérieux. Jusqu'au jour où j'ai déconseillé à la municipalité l'achat de matériel d'une certaine marque, que je pensais sur le point de faire faillite ». Un mois plus tard, la boîte en question mettait la clé sous la porte et la crédibilité de Xavier faisait un bond parmi les élus !
UNE MÉTHODE PERSONNELLE
Le club organise à présent des stages pour enfants et adultes, selon la méthode mise au point par Xavier qui trouvait les manuels existants trop rébarbatifs et sans humour. Résultat : Micralex, un bouquin imprimé sur sa propre imprimante et édité par lui-même grâce à l'aide de la Société Générale, qui a trouvé que le projet tenait la route.
Mais l'informatique n'est pas le seul dada de Xavier. Titillé par le souvenir d'une Sagan qui avait pulvérisé les ventes en librairie à 19 ans à peine, il a sauté sur sa machine à écrire pour pondre un véritable roman, qui n'a, cette fois, rien à voir avec les « puces ». Il ne reste plus qu'à le faire éditer. L'année prochaine, si tout va bien...
Décidément, en remâchant ses souvenirs d'enfance et ses « Mistrals gagnants », ce pauvre Renaud fait vraiment figure d'ancêtre. Les grands-pères du XXI° siècle, eux, raconteront sans doute à leurs petits-enfants comment ils montaient leurs sociétés de logiciels à l'âge des couches-culottes. Des petits-enfants morts de rire, évidemment. Ça, il n'y a pas de raison pour que ça change.
La Tribune & Le Progrès - 08 août 1986
